Pour la première fois, l’équipe se divise en deux pour visiter deux centres éducatifs thérapeutiques El Puente.
Dans le premier, il s’agit de lieux pour enfants et adolescents mais la tranche d’âge est difficile à définir car, comme le dit Myriam surnommée Mimi la responsable du lieu « ils sont arrêtés dans le temps ». Mimi est psychopédagogue dans cette structure depuis son stage de résidence (stage de fin d’étude). Les enfants accueillis sont psychotiques et autistes. Pendant la présentation du lieu, différents enfants viennent lui demander qui nous sommes et l’une d’entre eux (Franca) en apprenant que nous sommes français nous dit qu’ils connaissent le français par le livre. En effet, ils travaillent sur les contes de Charles Perrot. L’axe de travail est la thérapie institutionnelle de Maud Mannoni (école de Bonneuil). Nous avons pu rencontrer et participer aux ateliers d’un psychologue, d’un musicien et d’une sociopédagogue. Bien que nous ayons un peu déboulé dans leur espace, les enfants nous ont très bien accueilli.
Dans le second, il s’agit d’enfants entre environ 8 et 15 ans. Nous sommes accueillis par l’ensemble de l’équipe qui reçoit ce jour un argentin parti travailler en France depuis 2013 en tant que psychanalyste. L’équipe est composé d’une responsable psychanalyste, de psychopédagogues et de psychologues. La responsable souligne que l’ensemble des interventions s’appuie sur une approche psychanalytique. Les enfants bénéficient d’un accompagnement d’abord thérapeutique puis éducatif. La responsable soulève néanmoins le fait que ce positionnement entraîne des désaccords au sein de l’équipe sur la place du thérapeutique versus l’éducatif. Le parcours de chaque enfant est personnalisé en fonction du diagnostic médical et des observations quotidiennes des professionnels.
A la suite de cette échange interprofessionnel rapide, les enfants arrivent et prennent le petit dejeuner (desayuno). Ensuite, arrive le temps de l’assemblée, c’est à dire d’un temps où chacun se met en cercle pour s’exprimer sur ce dont il a envie. Les enfants sont invités à parler. Ce dispositif est propre aux deux lieux. C’est lors de l’assemblée qu’ils choisissent leur atelier. L’assemblée sur le second groupe dure 1 heure ( 5 minutes de musique, temps de parole, puis musique pour clôturer). L’assemblée sur le premier groupe démarre également par de la musique mais jouée par les enfants et le musicien de l’équipe.
A la suite de l’assemblée, dans les deux locaux, ont lieu des ateliers. Les enfants choisissent sur quel atelier ils s’inscrivent (théâtre, musique, jeu, contes, informatique, video…)
Mimi a pu indiqué qu’elle percevait de grandes tensions: ce sont des institutions privées qui rencontrent actuellement de grandes difficultés pour maintenir leur projet pédagogique face aux orientations du gouvernement.
Nous observons que ces deux lieux n’évoquent pas la question du handicap et donnent une grande place aux enfants dans leur choix d’activités et choix d’expression , « même s’ils n’ont pas tous accès à la parole, ils sont dans le langage ».
A la suite des ces visites qui nous ont permis d’observer tout en participant , nous nous sommes rendus à la faculté provinciale du tourisme et de l’environnement. C’est une université publique, gratuite, accessible à tous, ouverte depuis 60 ans.
C’est l’occasion de profiter d’un banquet d’adieu réalisé par les étudiants et leur chef ainsi que le sommelier. Un repas typique composé des vins et des mets de Cordoba nous est offert.
Pour conclure le séjour, nous avons eu le plaisir d’entendre quelques chansons de deux jeunes rappeurs accueillis par la Morera (association qui accompagne par la musique lesjeunes des Barrios). Le spectacle d’une grande qualité nous a transporté!
La remise de diplôme s’en est suivie pour clôturer ce séjour riche en découvertes, rencontres, projets présents et futurs.
La journée se termine par un autre moment fort, la marche dans les rues de Cordoba « A donde esta Maldonnado? », marche de la population pour la disparition d’un jeune argentin il y a un mois…