vendredi 25 août : visite du centre Dr Domingo Cabred
Contexte :
En 1993, une loi nationale a promulgué l’inclusion scolaire des enfants en situation de handicap.
Elle s’est spécifiée au niveau fédéral en 2006 et semble avoir vu son application mise en oeuvre à partir de 2009.
La loi a eu des impacts sur les accompagnements proposés dans les écoles spécialisées.
Pour être intégrés dans cette école spécialisée, les enfants doivent bénéficier d’un diagnostic médical dans un des trois hôpitaux publics de Córdaba.
C’est donc un médecin qui établit l’accès aux différentes aides, ce n’est qu’après cette ouverture de droits que les écoles spécialisées, par exemple, sont en mesure de les accueillir.
Une pré-admission auprès de l’équipe pluridisciplianire sociale (psychologue, orthophoniste, assistante sociale, direction) va préciser les modalités de l’accueil.
Les enfants bénéficient alors d’un accompagnement medico-social. La professeure d’université qui nous accompagne précise que les champs de la santé et du social dépendent de deux ministères différents et le croisement des informations de ces deux ministères est difficile.
En Argentine, il y a des écoles dites classiques et d’autres spécialisées. Il y a également des écoles publiques et d’autres privées.
La professeure indique que le néolibéralisme a eu entre autres comme impact le développement des écoles privées (accessibles plutôt pour les classes bourgeoises et autres) et la baisse du niveau de l’école publique dévolue aux classes moyennes basses et pauvres.
L’objectif de l’inclusion scolaire en Argentine est de permettre aux enfants en situation de handicap d’accéder aux écoles dites classiques après un accompagnement dans le milieu spécialisé.
Le programme d’inclusion scolaire concerne tous les handicaps. Sur Córdoba, il y a 10 écoles spécialisées dans le handicap cognitif et 2 écoles dans le handicap sensoriel (malentendants et mal voyants).
Présentation de l’école :
Elle concerne principalement les 6-12 ans. Elle reçoit 200 enfants répartis en 6 niveaux.
Il y a une alternance entre cours généraux et cours techniques, les ateliers démarrant dès la première année.
Les cours généraux sont : mathématiques, espagnol, sciences sociales et sciences naturelles.
Les ateliers ont pour thème la cuisine, les espaces verts, la musique et le sport.
Les enseignants présents dans cette école sont formés à l’UPC dans le Département d’Education Spécialisée et dépendent du Ministère de l’Education.
Tous les enfants « diagnostiqués » ont un accès libre et gratuit à une école spécialisée. Certains viennent de loin pour aller à l’école. Les horaires sont de 08h30 à 12h30 ou 14h45 pour les plus grands.
Notre visite a porté principalement sur la cuisine et l’atelier potager. Le premier atelier a été présenté par une éducatrice technique spécialisée qui interagit auprès de 7 à 12 jeunes relativement autonomes. Durant notre rencontre, les enfants confectionnaient du pain, que nous avons goûté. Il est à base de saindoux de boeuf, de sel et de farine. Il est appelé « pan casero » qui veut dire « pain maison ». Cette production est destinée à la production interne, elle est vendue aux professionnelles de l’institut car les enfants n’ont plus l’autorisation de vendre à l’extérieur.
Même si tous les enfants n’auront pas la possibilité d’accéder ensuite à un emploi, l’éducatrice précise que ce que les enfants apprennent à l’école leur permet de participer à la vie domestique, à l’économie familiale.
Le second est assuré par une ingénieure agronome qui permet aux enfants d’apprendre à entretenir un potager, d’être sensibilisés à la préservation de l’environnement (question aiguë de l’eau, il se trouve que la Province de Córdoba traverse une période de sécheresse) et de mettre en pratique les enseignements généraux tel que les sciences naturelles.
En fin de visite, nous avons pu assister à une répétition de l’atelier musique de Murga (fanfare) appelé cocoliche. Une petite vingtaine d’enfants participaient soit avec des instruments, soit avec des rubans, des cerceaux, des danses.
Quelques focus:
– la circulation : seule la porte d’entrée est fermée. Les enfants semblent circuler librement dans les couloirs, dans les classes. Il ne semble pas y avoir de règle pour sortir de classe, vaquer dans les couloirs, jouer, écouter de la musique… nous nous interrogeons ici sur la liberté, l’autonomie…
– le contact : les interactions sont plutôt chaleureuses quelque soit la place de l’adulte. La directrice l’est tout autant que l’éducatrice. Les professionnels sont en contact physique très fréquemment avec les enfants. En effet, lorsque nous avons visité une classe, durant la vingtaine de minutes de l’échange, une jeune fille faisait comprendre à son professeur de poser ses mains sur ses épaules, ce qu’il acceptait très affectueusement.

