Bienvenue !

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Nos collègues Argentins, Stela, Marcela, Maria-Laura, Marita, Favio et Daniela sont arrivés en France ! Nous sommes très heureux de les retrouver !

Nous les avons accueillis lundi 26 février à Lyon avec une intervention de Maryse BASTIN-JOUBARD, Directrice Générale de l’ESSSE, sur les origines du Travail Social en France (PowerPoint en français et en espagnol ci-joint), avec Eric (ETSUP Paris) et Fabienne (IFTS Echirolles).

Après un déjeuner, nous leur avons proposé une visite guidée en espagnol du Vieux Lyon sous un beau soleil mais dans un froid terrible ! Retrouvailles vivifiantes 🙂

Journée du collectif SOIF le mardi (http://www.collectif-soif.fr), pause déjeuner avec Cannelle & Piment (http://www.cannelle-et-piment.fr) puis départ vers Echirolles pour retrouver nos collègues de l’IFTS… A lundi prochain !

 

TRAVAIL SOCIAL EN FRANCE Présentation MBJ Version espagnole

TRAVAIL SOCIAL EN FRANCE Présentation MBJ

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Escuela Especial El Puente

Pour la première fois, l’équipe se divise en deux pour visiter deux centres éducatifs thérapeutiques El Puente.

Dans le premier, il s’agit de lieux pour enfants et adolescents mais la tranche d’âge est difficile à définir car, comme le dit Myriam surnommée Mimi la responsable du lieu « ils sont arrêtés dans le temps ». Mimi est psychopédagogue dans cette structure depuis son stage de résidence (stage de fin d’étude). Les enfants accueillis sont psychotiques et autistes. Pendant la présentation du lieu, différents enfants viennent lui demander qui nous sommes et l’une d’entre eux (Franca) en apprenant que nous sommes français nous dit qu’ils connaissent le français par le livre. En effet, ils travaillent sur les contes de Charles Perrot. L’axe de travail est la thérapie institutionnelle de Maud Mannoni (école de Bonneuil). Nous avons pu rencontrer et participer aux ateliers d’un psychologue, d’un musicien et d’une sociopédagogue. Bien que nous ayons un peu déboulé dans leur espace, les enfants nous ont très bien accueilli.

Dans le second, il s’agit d’enfants entre environ 8 et 15 ans. Nous sommes accueillis par l’ensemble de l’équipe qui reçoit ce jour un argentin parti travailler en France depuis 2013 en tant que psychanalyste. L’équipe est composé d’une responsable psychanalyste, de psychopédagogues et de psychologues. La responsable souligne que l’ensemble des interventions s’appuie sur une approche psychanalytique. Les enfants bénéficient d’un accompagnement d’abord thérapeutique puis éducatif. La responsable soulève néanmoins le fait que ce positionnement entraîne des désaccords au sein de l’équipe sur la place du thérapeutique versus l’éducatif. Le parcours de chaque enfant est personnalisé en fonction du diagnostic médical et des observations quotidiennes des professionnels.

A la suite de cette échange interprofessionnel rapide, les enfants arrivent et prennent le petit dejeuner (desayuno). Ensuite, arrive le temps de l’assemblée, c’est à dire d’un temps où chacun se met en cercle pour s’exprimer sur ce dont il a envie. Les enfants sont invités à parler. Ce dispositif est propre aux deux lieux. C’est lors de l’assemblée qu’ils choisissent leur atelier. L’assemblée sur le second groupe dure 1 heure ( 5 minutes de musique, temps de parole, puis musique pour clôturer). L’assemblée sur le premier groupe démarre également par de la musique mais jouée par les enfants et le musicien de l’équipe.

A la suite de l’assemblée, dans les deux locaux, ont lieu des ateliers. Les enfants choisissent sur quel atelier ils s’inscrivent (théâtre, musique, jeu, contes, informatique, video…)

Mimi a pu indiqué qu’elle percevait de grandes tensions: ce sont des institutions privées qui rencontrent actuellement de grandes difficultés pour maintenir leur projet pédagogique face aux orientations du gouvernement.

Nous observons que ces deux lieux n’évoquent pas la question du handicap et donnent une grande place aux enfants dans leur choix d’activités et choix d’expression , « même s’ils n’ont pas tous accès à la parole, ils sont dans le langage ».

A la suite des ces visites qui nous ont permis d’observer tout en participant , nous nous sommes rendus à la faculté provinciale du tourisme et de l’environnement. C’est une université publique, gratuite, accessible à tous, ouverte depuis 60 ans.

C’est l’occasion de profiter d’un banquet d’adieu réalisé par les étudiants et leur chef ainsi que le sommelier. Un repas typique composé des vins et des mets de Cordoba nous est offert.

Pour conclure le séjour, nous avons eu le plaisir d’entendre quelques chansons de deux jeunes rappeurs accueillis par la Morera (association qui accompagne par la musique lesjeunes des Barrios).  Le spectacle d’une grande qualité nous a transporté!

La remise de diplôme s’en est suivie pour clôturer ce séjour riche en découvertes, rencontres, projets présents et futurs.

La journée se termine par un autre moment fort, la marche dans les rues de Cordoba « A donde esta Maldonnado? », marche de la population pour la disparition d’un jeune argentin il y a un mois…

Enfin de la vraie politique !!!

Visite de la municipalité Juàrez Celman

La première partie de la visite débute par un centre social : un édifice très ancien qui était jadis une école et dont le fonctionnement nous sera expliqué par la directrice du département santé, en charge de la politique de l’élue en poste depuis 6 ans (second mandat). Outre la radio de la municipalité, cet espace abrite également un centre d’accueil permettant aux parents d’étudier ou de travailler via un programme propre à la province de Cordoba qui portait le nom de CCDI.  L’équipe en place utilisait également cet espace pour des problèmes de protection de l’enfance.  Tout un travail de recherche de proximité et de confiance, de prévention et d’éducation pour la santé. Il s’agit d’ateliers divers (couture, coiffure, etc.) mis en place par la municipalité à destination des femmes qui ont besoin de s’émanciper via un emploi en leur permettant de préparer une certification dans ces domaines. 

Bien que le programme ait été arrêté lors du changement de gouvernement, la municipalité a continué ce travail. Il est désormais intitulé « sala cuna » mais cet espace est bien plus qu’une garderie compte tenu de l’activité et la prise en charge effectuée auprès des familles. De plus, compte tenu de son irrégularité, la municipalité est parfois obligée d’avancer les fonds pour régler les salaires. De même les quotas pris en charge sont bien en deçà de la réalité du terrain 800 euros pour 35 enfants (repas, salaires, frais de fonctionnement).

 

Visite de la Sala cuna :

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Implanté dans le quartier le plus pauvre, elle accueille des enfants de 45 jours à 3 ans. L’assistante sociale travaille auprès des mères et suit 2400 familles aussi bien à la crèche qu’au dispensaire. Elle déplace à la rencontre des familles en leur proposant des activités diverses crée du lien afin de connaître leurs besoins et fait des entretiens à domicile. Dans le cadre de ce suivi, elle travaille également avec une nutritionniste sur l’équilibre alimentaire. Au dispensaire, elle travaille la question du collectif afin que les mères puissent s’entraider de façon autonome. Les entretiens se font d’abord de manière individuelle puis de façon collective.

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Visite du centre d’intégration communautaire :

Présentation du programme de Mme le maire :

  •   Alphabétisation : depuis son élection, le taux d’alphabétisation est passé à 98,2 % de la population. La ville est donc reconnue par l’UNESCO comme libérée de l’inalphabétisme, comme seulement 8 autres villes en Argentine. Pour parvenir à ce résultat, la population a été impliquée et mise à contribution pour les cours et la ville fournissait le matériel.

 

  • Urbanisme : Avec une vraie volonté de créer une identité municipale et relier les quartiers entre eux, des infrastructures reliant les quartiers ont été construits (routes, espaces verts, éclairage…) et les organisations festives ont lieu dans des quartiers différents afin de favoriser le mélange des populations.

 

  • Participation : Afin de consulter la population, les équipes sont allés dans les quartiers consulter les collectifs existants (écoles, associations…), utilisant un système de choix accessible à tous visant à recueillir les besoins et les envies des habitants. Associés au développement de la ville, les habitants participent maintenant régulièrement aux différentes orientations.

 

Nous avons tous été fortement impressionnés par cette femme très engagée et très active sur les 70 projets qu’elle met un point d’honneur à concrétiser.

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« Charla » avec les professeurs du Cabred.

Après une présentation rapide des trois centres et des différents professeurs présents, nous interrogeons les professionnels sur la définition concrète de l’enseignement de la pratique, ce qui nous a permis de comprendre qu’il s’agissait de professionnels de terrain qui accompagnaient les étudiants dans l’articulation théorie et pratique et la professionnalisation.

Le débat s’oriente ensuite vers l’universitarisation de la formation. Pour les enseignants, il s’agissait d’acquérir une reconnaissance du travail social et de créer une discipline universitaire. L’occasion par ce biais de redonner du sens à la formation.

Echanges sur les courants fondamentaux dans lesquels s’inscrivent les formations, nous constatons que leurs trois auteurs de prédilections sont : M. Foucault, P. Bourdieu et J-P. Sartre. Paolo Freire étant considéré comme la référence du travail social dans son ensemble.

 

Complejo Esperanza: centre fermé pour mineurs sur décision de justice

Aujourd’hui, nous avons visité le Complejo Esperanza, un centre fermé accueillant des mineurs sur décision de justice où nous avons été accueillis par le directeur Ramiro BACCI et des socio-pédagogues.
Sur le blog d’avril, nos collègues ont déjà expliqué le fonctionnement du centre, aussi nous allons présenter notre visite à partir de trois grandes thématiques :
• Evolution de la prise en charge des mineurs enfermés sur décision de justice
La ratification par l’Argentine de la CIDE (Convention Internationale des Droits de l’Enfant) en 1989 a permis à des professionnels et des juges spécialisés dans l’enfance et la famille de faire évoluer la réflexion sur la prise en charge des jeunes enfermés sur décision de justice.
Cela s’est notamment traduit par la volonté de former des professionnels spécifiques, avec la création du courant de la socio-pédagogie en 2002.
En 2005, la loi qui encadrait la prise en charge des délinquants évolue, introduisant la nécessité d’apporter plus d’éducatif face au « tout répressif ».
Cela s’est traduit pour le Complejo Esperanza par l’arrivée de socio-pédagogues en 2015. Si au départ 70 professionnels devaient être embauchés comprenant des socio-pédagogues, des psychologues et travailleurs sociaux, finalement seulement les socio-pédagogues seront retenus, pour travailler sur la gestion du quotidien et organiser la vie du jeune.
Auparavant, des gardiens sans formation spécifique encadraient les jeunes au quotidien, aujourd’hui il y a la volonté de les former et la première étape a été franchie en organisant une sélection à leur embauche.

Un enfermement toujours d’actualité
La visite du centre aujourd’hui nous a permis de constater que l’enfermement est une réalité vécue par les jeunes une bonne partie de la journée. Nous avons été impressionnés par le grand parc vide, les miradors, les barreaux des cellules (chambre !) derrière lesquels les jeunes nous parlaient… ou encore le transport des jeunes dans des bus grillagés de leur lieu de vie aux ateliers.
Des professionnels nous ont expliqué que les sorties des jeunes étaient de plus en plus limitées pour éviter les fugues, les problèmes de comportement et les bagarres et répondre ainsi à l’attente « sécuritaire » de la société.
Actuellement ils font le constat que les bagarres entre les jeunes augmentent, reflet de la violence montante dans les barrios ; les professionnels font face aux conséquences des rivalités dans les quartiers entre bandes ou inter-familiales. Ils doivent ainsi gérer régulièrement des conflits de groupe et isoler les jeunes ou groupes de jeunes.

Vers plus d’éducatif dans les centres fermés ?
L’arrivée de socio-pédagogues au Complejo Esperanza a introduit l’accompagnement au quotidien des jeunes. Ces derniers les ont bien accueillies car elles ont mis en place des activités en groupe pour travailler la socialisation, le vivre-ensemble.

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Par exemple elles animent des ateliers plus ludiques, comme les peintures sur les murs faites par les jeunes.

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Leur présence permet ainsi des interventions plus précoces et la prévention de certains conflits, selon l’un des coordinateurs du centre, qui est également psychologue.
Elles assurent également un suivi individuel de chaque jeune sous forme d’un tutorat ce qui permet de mieux prendre en compte sa problématique spécifique ; d’ailleurs, elles mettent actuellement en place un projet éducatif individuel avec des objectifs qui sont régulièrement réévalués et ce projet est co-construit avec le jeune.
Enfin elles sont un maillon essentiel de connexion, de médiation avec les autres professionnels du centre (professeurs d’atelier, enseignants, travailleurs sociaux en lien avec la famille) et le juge. Leur prochaine étape serait qu’elles puissent assister aux audiences pour se faire le porte-parole des jeunes.

En conclusion, nous pouvons dire que si l’arrivée des socio-pédagogues a permis une amélioration de la prise en compte du jeune, leur combat est permanent pour se faire une place et faire évoluer les pratiques. En effet, selon un responsable, la loi a évolué mais pour les institutions c’est plus lent.

Nous tenons à remercier au nom du groupe les professionnels et les responsables du centre pour leur accueil, leur disponibilité et pour le repas qu’ils nous ont offert.

25 aout: Charla con jovenes profesionales

25 aout: Charla con jovenes profesionales

Nous avons rencontré une dizaine de femmes qui sont venues échanger avec nous le vendredi soir de 18h à 21h à l’Hotel malgré leur emploi du temps chargé.

En effet, la plupart des professionnels de Cordoba ont deux ou trois activités professionnelles.

Chacune a présenté son travail. Nous irons la semaine prochaine rencontré la plupart de leurs institutions.

Nous allons plutot ici évoquer les éléments qui nous ont marqués durant ces trois heures.

– chaque professionnel présente ces activités, chacune ont deux voire trois emplois. Cela s’explique en partie pour des raisons économiques. D’autres ont pu témoigner de raisons ethiques et professionnelles. Par exemple, deux professionnelles nous indiquent qu’en parallèle de leur emploi dans un centre fermé pour les adolescents, elles ont fondé une association qui accompagne les jeunes sortant du centre. Cette dernière fonction leur permet d’être plus en accord avec leurs valeurs.

– le politique est en permanence présent dans les discussions. Tout d’abord, les professionnelles perçoivent leur métier comme un engagement politique, une manière de lutter pour la justice sociale. Ensuite, les discussions nous permettent de percevoir une certaine corruption politique dans tous les domaines. Par exemple, des lois sont promulguées pour viser le changement mais il n’y a pas de mise en oeuvre de ces lois si ce n’est pas les travailleurs sociaux qui essayent de faire évoluer les comportements. Les travailleurs sociaux sont plus que force de proposition , ils sont aussi force de lois même si leur marge de manœuvre est assez limitée. Quand bien même, cela ne les décourage pas.

– le féminin. Pour l’instant, depuis le début de notre voyage, la très grande majorité des travailleurs sociaux sont des femmes. Par ailleurs, nous avons entendu que « le changement vient des femmes ». La place des femmes et des mères nous interroge. Il n’y pas de militantisme féministe formulée clairement mais le fait d’être une femme est largement mis en avant. Cela reste à explorer la semaine prochaine.

– Une référence se dégage: Paciano Fermoso Estébanez est un docteur en philosophie espagnol à l’origine de la pedagogie sociale dont l’UPC se reclame. Le métier d’éducateur spécialisé en France semble correspondre au pédagogue social argentin. Toutefois, ce qui correspondrait en France à nos 25 aout: Charla con jovenes profesionales spécialisés relève ici du champ du travail social.

– Désengagement de l’Etat. Pour terminer, nous reportons ici la remarque de Daniela au sujet du test professionnel qu’elles ont contribué à mettre en place pour embaucher les gardiens de prison (elles ont donc participé au changement de paradigme). Elles ne sont pas dupes quant elle souligne que cela permet à l’Etat de se deresponsabiliser si un incident devait se produire. On peut aussi y ajouter le fait que chaque association évoque des sources de financement extrêmement précaires.

Lien :

http://www.raco.cat/index.php/educar/article/viewFile/42218/90165

Escuela Especial Cabred

vendredi 25 août : visite du centre Dr Domingo Cabred

Contexte :

En 1993, une loi nationale a promulgué l’inclusion scolaire des enfants en situation de handicap.

Elle s’est spécifiée au niveau fédéral en 2006 et semble avoir vu son application mise en oeuvre à partir de 2009.

La loi a eu des impacts sur les accompagnements proposés dans les écoles spécialisées.

Pour être intégrés dans cette école spécialisée, les enfants doivent bénéficier d’un diagnostic médical dans un des trois hôpitaux publics de Córdaba.

C’est donc un médecin qui établit l’accès aux différentes aides, ce n’est qu’après cette ouverture de droits que les écoles spécialisées, par exemple, sont en mesure de les accueillir.

Une pré-admission auprès de l’équipe pluridisciplianire sociale (psychologue, orthophoniste, assistante sociale, direction) va préciser les modalités de l’accueil.

Les enfants bénéficient alors d’un accompagnement medico-social. La professeure d’université qui nous accompagne précise que les champs de la santé et du social dépendent de deux ministères différents et le croisement des informations de ces deux ministères est difficile.

En Argentine, il y a des écoles dites classiques et d’autres spécialisées. Il y a également des écoles publiques et d’autres privées.

La professeure indique que le néolibéralisme a eu entre autres comme impact le développement des écoles privées (accessibles plutôt pour les classes bourgeoises et autres) et la baisse du niveau de l’école publique dévolue aux classes moyennes basses et pauvres.

L’objectif de l’inclusion scolaire en Argentine est de permettre aux enfants en situation de handicap d’accéder aux écoles dites classiques après un accompagnement dans le milieu spécialisé.

Le programme d’inclusion scolaire concerne tous les handicaps. Sur Córdoba, il y a 10 écoles spécialisées dans le handicap cognitif et 2 écoles dans le handicap sensoriel (malentendants et mal voyants).

Présentation de l’école :

Elle concerne principalement les 6-12 ans. Elle reçoit 200 enfants répartis en 6 niveaux.

Il y a une alternance entre cours généraux et cours techniques, les ateliers démarrant dès la première année.

Les cours généraux sont : mathématiques, espagnol, sciences sociales et sciences naturelles.

Les ateliers ont pour thème la cuisine, les espaces verts, la musique et le sport.

Les enseignants présents dans cette école sont formés à l’UPC dans le Département d’Education Spécialisée et dépendent du Ministère de l’Education.

Tous les enfants « diagnostiqués » ont un accès libre et gratuit à une école spécialisée. Certains viennent de loin pour aller à l’école. Les horaires sont de 08h30 à 12h30 ou 14h45 pour les plus grands.

Notre visite a porté principalement sur la cuisine et l’atelier potager. Le premier atelier a été présenté par une éducatrice technique spécialisée qui interagit auprès de 7 à 12 jeunes relativement autonomes. Durant notre rencontre, les enfants confectionnaient du pain, que nous avons goûté. Il est à base de saindoux de boeuf, de sel et de farine. Il est appelé « pan casero » qui veut dire « pain maison ». Cette production est destinée à la production interne, elle est vendue aux professionnelles de l’institut car les enfants n’ont plus l’autorisation de vendre à l’extérieur.

Même si tous les enfants n’auront pas la possibilité d’accéder ensuite à un emploi, l’éducatrice précise que ce que les enfants apprennent à l’école leur permet de participer à la vie domestique, à l’économie familiale.

Le second est assuré par une ingénieure agronome qui permet aux enfants d’apprendre à entretenir un potager, d’être sensibilisés à la préservation de l’environnement (question aiguë de l’eau, il se trouve que la Province de Córdoba traverse une période de sécheresse) et de mettre en pratique les enseignements généraux tel que les sciences naturelles.

En fin de visite, nous avons pu assister à une répétition de l’atelier musique de Murga (fanfare) appelé cocoliche. Une petite vingtaine d’enfants participaient soit avec des instruments, soit avec des rubans, des cerceaux, des danses.

Quelques focus:

– la circulation : seule la porte d’entrée est fermée. Les enfants semblent circuler librement dans les couloirs, dans les classes. Il ne semble pas y avoir de règle pour sortir de classe, vaquer dans les couloirs, jouer, écouter de la musique… nous nous interrogeons ici sur la liberté, l’autonomie…

– le contact : les interactions sont plutôt chaleureuses quelque soit la place de l’adulte. La directrice l’est tout autant que l’éducatrice. Les professionnels sont en contact physique très fréquemment avec les enfants. En effet, lorsque nous avons visité une classe, durant la vingtaine de minutes de l’échange, une jeune fille faisait comprendre à son professeur de poser ses mains sur ses épaules, ce qu’il acceptait très affectueusement.

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Visite à la JUANA

Aujourd’hui, mercredi 23 août nous avons visité LA JUANA dont nous avions rencontré la responsable hier lors d’échanges avec des organisations de la société civile. Le nom de ce centre vient de Juana Azurduy, femme qui a pris les armes au début du 19ème siècle pour défendre les indiens.

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Nous avons été accueillis à la crèche par la coordinatrice, les « éducatrices populaires » et tous les enfants qui étaient surpris et impressionnés. Il est vrai que nous débarquions à 14 dans un lieu plutôt exigu mais avec des espaces bien délimités (salle de vie, cuisine, salle de motricité, dortoir, salle de travail pour les plus grands).
La crèche accueille 40 enfants le matin et 30 l’après-midi qui sont entourés par sept salariées dont une « maitresse d’enfants » diplômée. Une grande attention est accordée à l’éveil et à la stimulation des enfants. La crèche est gratuite pour les parents et ouverte à tous (liste d’attente de 30 enfants car la crèche est reconnue). La participation des mamans à la crèche est activement recherchée (exemple : réalisation de tapis d’éveil ).

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Des ateliers péri-scolaires permettent de préparer les enfants à l’école ; ensuite ils peuvent bénéficier de soutien scolaire ; des sorties culturelles et de loisirs sont organisées.

Même si les conditions de vie sur le quartier se sont améliorées, les problématiques sociales restent importantes : Mamans isolées, souvent très jeunes ; pères quasiment « inexistants » (enfants non reconnus). Ces femmes travaillent beaucoup pour survivre et elles ont donc très peu de temps pour s’occuper de leurs enfants ; il n’est pas rare de voir des « mamans de coeur » (une grand-mère, une amie…) élever l’enfant d’une mère trop occupée, trop jeune ou en trop grande difficulté (violences, addictions,…) ; si besoin, une assistante sociale intervient pour faire le lien ; récemment, une loi sur l’adoption permet d’éviter des abus d’adoption informelle.

Le Centre La Juana rencontre des difficultés de financements : le programme nommé « Salacuna » permet de financer la prise en charge des enfants de la crèche mais tout le reste (y compris l’entretien de la maison) est à la charge du Centre qui organise des activités pour trouver des fonds.

Cependant, ce qui nous frappe, c’est le pragmatisme des femmes engagées ; on ressent un idéal important, un engagement réel à répondre aux besoins des mamans et des enfants ; cet idéal et cet engagement ne semblent pas altérés par les réalités et les difficultés.

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La visite se termine autour d’un maté et d’un café en grignotant des « facturas » (viennoiseries) ; la salariée qui nous a accueilli et les 2 formatrices de l’UPC qui nous accompagnent, partagent l’enthousiasme d’une grande majorité du peuple argentin pour un chanteur très populaire, la Mona Jiménez. Les vidéos You Tube, la musique et l’enthousiasme des uns et des autres font que nous faisons plus de bruit que les enfants qui sont à côté ! Seul le manque de place, nous empêche de danser !!! En tant que fans (Pablo en tête), le chauffeur nous a conduit devant la maison de la star !😊

Après la visite, retour à l’UPC à travers des quartiers très différents de la ville qui nous permettent de mesurer que les écarts entre classes sociales existent, comme « chez nous ».

Le déjeuner à la cantine de l’UPC permet des échanges informels mais riches d’enseignements avec les formatrices argentines ; ces échanges complètent notre compréhension des réalités de la vie en Argentine.

L’après-midi, nous assistons à une intervention dans le cadre de la « Semaine du Genre » sur les violences faites aux femmes, avant l’intervention de Christophe sur « Les usages de l’anthropologie culturelle dans les formations des travailleurs sociaux en France  » (intervention en espagnol, bravo Christophe).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mardi 22 août

IMG-20170822-WA0001eph_pobreza_02_16Nous commençons cette deuxième journée par une réunion protocolaire de bienvenue avec les autorités universitaires. La faculté d’éducation et santé nous présente ses différentes filières puis nous avons présenté nos établissements et les formations dispensées.

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Il y a 5000 étudiants sur 2 sites : 1 site qui forme les professeurs d’éducation physique et 1 autre dédié aux sciences humaines ((psychologie, pédagogie sociale, psychologie pédagogique (spécialisée dans les troubles de l’apprentissage), psycho motricité, éducation spécialisée (ce qui correspond aux formations d’instituteurs spécialisés chez nous)).

La faculté des arts et du design a, elle, 6000 étudiants et regroupe 5 instituts, beaux art, théâtre, danse, design, arts appliqués

Il y a des parcours sur 3 ans et sur 5 ans (licence et master) 

Présentation de la société civile (association/ONG)

Nous rencontrons différents représentants de la société civile dont 3 ont déjà été présentés en avril (CECOPAR, MORERA, ICTUS).

CECOPAR

Nous apprenons en plus que l’association civile est un centre communautaire qui intervient auprès des enfants de la naissance (45 jours) jusqu’à 3 ans (programme sala cuna présenté en avril) puis auprès de jeunes de 3 à 18 ans

Ils ont un programme pour le décrochage scolaire avec des premières expériences professionnelles. Une prise en charge des enfants est proposée durant l’accompagnement des parents. Les garçons sont suivis surtout pour la toxicomanie et les filles sont souvent des mères adolescentes.

L’association est financée principalement par le projet Sala Cuna (qui prend en charge 95 enfants) alors que la structure en accompagne 130. Les budgets dépendent des politiques publiques et il y a parfois des périodes de 2 à 8 mois où aucune subvention n’est versée. Des récoltes de fonds auprès des habitants (loto, etc) sont organisées afin de permettre à la structure de continuer de fonctionner. Malgré cela l’association semble avoir une certaine stabilité.

Morera

Travail dans les bidonvilles. Ces lieux sont appelés villas misères (villa miseria). Les gens des bidonvilles s’appellent les villeros, ils ont leur culture, leur musique. Pour certains, le nom est stigmatisant mais pour d’autres ce nom leur permet d’avoir une identité. L’association soutient et positive cette dimension identitaire car cela suppose des liens sociaux, communautaires.

La présentation était complémentaire à celle d’avril et il a été reprécisé que le travail se faisait à partir de l’émergence communautaire. Le premier mouvement doit venir de la communauté, du territoire. Après ils travaillent sur les réseaux.

Ictus

Cf blog d’avril

Nous avons appris en plus qu’un des axes est la santé émotionnelle fondée sur plusieurs disciplines telle que la psychologie positive. L’idée est de s’appuyer sur l’état émotionnel de la personne, la valorisation des compétences.

Ils travaillent avec les parents et les enseignants ce qui semble compliqué car les professeurs pensent ne pas avoir vraiment besoin d’eux. Du coup, ils les interpellent autour de leurs propres difficultés (gestion des conflits, dynamique de groupe…)

La juana

La juana est une coopérative dans laquelle il n y a que des femmes. Elle a démarré dans les années 80 par une soupe populaire : le problème premier était de manger. Ces femmes viennent de diverses bidonvilles qui ont été vidés et il y a eu la création d’un grand bidonville, là où intervient la juana.

La coopérative travaille sur la question du logement, du crédit, de la consommation et avec le projet sala cuna (accueil petite enfance)

Toutes les personnes qui travaillent n’ont pas de titre d’enseignante et se considèrent comme éducatrice populaire.

Elles souhaitent travailler avec les mères mais cela est très compliqué car elles sont peu présentes et cumulent plusieurs emplois en plus du travail domestique (encore beaucoup assumée par les femmes). En moyenne 16h par jour….

Acercandonos hoy a ti (rapprochons nous aujourd’hui de toi)

Association religieuse qui travaille autour du sport (sport social où la socialisation compte plus que les compétences techniques). Leur objectif est d’apprendre certaines valeurs aux jeunes des bidonvilles (respect, communication, règles…) Il y a maintenant un travail auprès des familles grâce aux événements sportifs. Une sociopédagogue de l’université provinciale y travaille actuellement ainsi qu’un professeur qui coordonne le centre de sport pour les enfants de 4 à 16 ans.

Ils sont aujourd’hui intégrés dans une ligue sportive officielle ce qui rend possible la professionnalisation des jeunes dans le football, alors que leur origine sociale ne leur permettait pas d’avoir accès à des cours de football.

REPAS

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INAUGURATION DE LA SALLE INFORMATIQUE

Après le repas nous avons été invités à l’inauguration de la salle informatique. Surprenant pour une Université en 2017, non ????

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Et nous avons terminé la journée par une conférence française sur les politiques sociales, dans une organisation « flottante »… mais fort sympathique.

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Nos collègues argentins nous ont proposé un document sur la pauvreté en Argentine que voici :

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Journée du 21 avril : la dernière de cette 1ère phase de mobilité…

Marita vient nous chercher ce matin à l’hôtel ; nous partons en voiture pour environ 40 minutes de trajet. Marita nous emmène dans la banlieue de Cordoba afin de rencontrer une association civile la Ligua Solidaria (voir article ci-joint).

Après de beaux échanges, nous les remercions et partons visiter un autre lieu : el Narajo.

C’est un établissement de type ESAT où nous attendent une vingtaine de personnes : des personnes concernées, des travailleurs sociaux et les membres fondateurs de l’ONG.

Nous étions très attendus car leur semaine de travail était normalement terminée, mais les personnes concernées avaient à cœur de nous rencontrer et de nous présenter leur travail. Il s’agit ici d’un centre qui fournit un travail aux personnes à travers une activité alimentaire : « milanaise de soja », confiture, céréales, etc. Ce sont les ouvriers qui nous expliquent comment ils travaillent et ce qu’ils fabriquent. S’en suit une comparaison de signes en langue des signes : quels gestes fait-on en France pour tel mot ? Moment convivial !

Nous reprenons la voiture afin de retourner sur l’université. Là nous sommes attendus par tous les membres du protocole initial autour d’un repas afin de clôturer la 1ère mobilité. Les échanges tournent autour de ce que l’on a apprécié, ce dont nous avons été surpris, etc. Nous leur expliquons que ces 15 jours ont été pour  nous très enrichissants. Nous avons appris beaucoup de choses, tout d’abord sur l’histoire de l’Argentine, mais aussi sur leurs pratiques professionnelles et les interrogations dans lesquelles ils sont actuellement… qui finalement sont quasi identiques aux nôtres ! Nous échangeons également sur les prochaines mobilités : nos collègues qui viendront en août et les Argentins qui viendront en France en février 2018.

La journée se clôture sur de belles embrassades, à la coutume argentine, afin de nous dire non pas adieu, mais à bientôt !

Merci tout particulièrement à Marita, Mariella, Daniella et Maria Laura pour ces deux belles semaines. @ très vite !